Perles de l’auto-édition [1] – Jonas, Thomas Baptiste

Je suis une lectrice insatiable… mais aussi terriblement exigeante. J’ouvre donc cette rubrique, destinée à mettre en valeur des ouvrages de grande qualité issus de l’autoédition ou de très petites maisons. Et à rendre hommage à ces auteurs qui soignent autant leur écriture que le fini éditorial de leurs romans. Attention : je les piste par mes propres moyens, hors service presse, afin de ne subir aucune influence. En revanche, si vous avez découvert récemment une petite merveille encore peu connue, dans les domaine de la fantasy ou de la science-fiction, de l’aventure & genres connexes… n’hésitez pas à me contacter pour m’en faire part ! Merci 🙂


Jonas, de Thomas Baptiste.

Librinova – Couverture : Tiphaine Léard.

Pour inaugurer les Perles de l’auto-édition, mon choix s’est porté sur un titre qui m’a réconciliée avec les indépendants, après une semaine d’errance un peu décourageante parmi les parutions récentes.

Si le monstre climatique imaginé par Thomas Baptiste relève toujours de la science-fiction, fort heureusement, le roman en lui-même n’a rien à envier aux meilleurs thrillers. Entre les personnages parfaitement construits, l’intrigue machiavélique, le rythme haletant et l’écriture tirée au cordeau, aussi maîtrisée que celle des grands noms du genre… on peine à se rappeler qu’on tient entre les mains la première œuvre d’un auteur encore inconnu.

Mieux, il réussit à nous faire visiter les coulisses des télés US, comme de la haute administration civile et militaire, sans jamais se laisser dépasser par l’ampleur de son sujet. Ni par la carrure des protagonistes, dont certains appartiennent aux élites de la politique, des médias ou des services secrets – excusez du peu. Thomas Baptiste dit s’être documenté durant deux ans pour composer ce livre. On ne peut que saluer le succès de l’entreprise, la consistance et l’énergie de l’ensemble. Au final, un récit terriblement addictif, vigoureusement raconté et truffé de surprises.

Tout commence par un ouragan d’une taille apocalyptique, jamais vue auparavant, qui se dirige vers les États-Unis… pile au moment d’une gigantesque panne informatique empêchant les autorités de le percevoir clairement et donc de réagir à temps. Mais c’est aussi et surtout l’histoire de Marck, météorologiste mi-génie mi-raté, qui va soudain être pris dans la tempête la plus violente de sa vie.

Celui-ci va se retrouver piégé entre sa course au scoop, qui pourrait faire repartir sa carrière après qu’il ait grillé tous ses atouts, et son désir de bien faire… constamment entravé par des penchants qu’il juge malsains. En quoi il ne se trompe pas forcément. Car oui, Mark porte sur lui-même un regard sans complaisance (parfois illuminé d’un humour aussi navré que désinvolte) qui le pousse régulièrement à l’auto-sabotage. Et incidemment, lui offre une belle épaisseur psychologique aux yeux du lecteur.

Cet aventurier aux pieds d’argile va bientôt devoir faire face aux manœuvres amorales – voire criminelles – et aux intérêts contradictoires des hommes et femmes de pouvoir qui l’entourent. Et tentent de se servir de lui pour dissimuler leur échec à gérer la catastrophe d’ampleur biblique qui s’annonce. Bref, un héros bien trop humain, imparfait sous tous rapports, englué dans une mélasse innommable… et auquel on ne peut en conséquence que s’attacher.

En résumé, un roman impeccable pour les amateurs du genre… et qui mérite très largement le qualificatif de perle de l’auto-édition.


Cette chronique est mise à disposition sous licence Creative Commons CC BY-ND 3.0. Elle peut être reproduite, sans modification, y compris à titre commercial, à condition de citer la source (cette page).

Merci à Claire Chave pour le tuyau 🙂

 

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