Bêta-lecture & commentaires récurrents

Je ne donne pas de conseils d’écriture génériques, mais je réalise souvent des bêta-lectures, en particulier pour les amies et amis qui cultivent un esprit de réciprocité. Et récemment, j’ai remarqué que je pouvais copier-coller des commentaires identiques, d’une BL à l’autre. J’en ai conclu qu’il s’agissait de problèmes courants, et qu’il pourrait être intéressant de les lister, histoire de faire gagner du temps à tout le monde. J’ai tenté de classer peu ou prou mes observations, pour simplifier la lecture.
Il est donc tout à fait possible qu’elles ne vous concernent pas, que tout ceci ne soit qu’une redite des choses que vous savez déjà. Et d’autre part, ce n’est absolument pas exhaustif : ce sont seulement les remarques qui reviennent fréquemment, accompagnées de solutions… qui elles aussi peuvent êtres vues comme personnelles, et sont adaptées à la pratique que je connais, l’écriture narrative dans le domaine de l’imaginaire.

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Les chiens et la charrue : Le cycle de Syffe, tome III

 

Je suspends ma chasse aux perles à travers les abysses de l’édition indépendante, pour parler ici d’un astre qui étincelle au zénith de ma planète personnelle. Et de plus en plus intensément, à mesure que le temps passe.

 


Syffe, au cœur de cendre et de lumière.

 

Patrick K. Dewdney est un des seuls écrivains dont certaines phrases restent gravées dans ma mémoire, aussi profondément que les poèmes d’Aragon ou d’Apollinaire ; “Le vent s’engouffrait dans la geôle en miaulant comme un félin fantomatique“, “brûlant quelque part au fond de moi, une ténacité naissante faisait barrière aux larmes“. On a envie de lancer “débrouillez-vous avec ça !”, devant une maestria si farouchement naturelle. Dans le flot ininterrompu de livres dispensables et de romans approximatifs que la machine dégueule en permanence, tout en posant leurs auteurs sur de factices piédestaux à usage marketing, ce joyau attire l’œil… et on sait déjà que son destin sera sans pareil. Parce qu’à la fin du jour, comme disent joliment les anglophones, ne reste que l’or dans le tamis, tandis que la boue est retournée au fleuve.

J’ai déraisonnablement aimé l’enfant Syffe du premier tome, ce petit bout d’homme transparent qui ne pouvait se résigner à s’arracher le cœur, à se cuirasser de haine, alors que tout lui hurlait qu’il n’aurait droit à aucun pardon, fût-ce pour son innocence. L’adolescent du second volume poursuivait ses chimères bien trop altruistes, se résolvant difficilement à la violence que le monde lui imposait, tandis que d’étranges phénomènes secouaient les fondations même de son être, faisant soupçonner que quelque chose en lui tenait du héros mythique plus que du va-nu-pied qu’il semblait être. Et si on revient là, en sourdine, vers des thèmes fantasy classiques, on se doute qu’ils ne seront pas traités de manière prévisible.

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Perles [2] – La Vieille Fille & le Viking, tome 1 : Le Voyageur Extraordinaire

Perles de l’auto-édition – et de micros-maisons  – est une rubrique destinée à mettre en valeur des ouvrages de grande qualité issus de circuits non consacrés. Et à soutenir les auteurs qui soignent autant leur écriture que le fini éditorial de leurs romans. Aujourd’hui, un ouvrage publié par les éditions Relicha… après avoir été remarqué en auto-édition.

 

La Vieille Fille et Le Viking, Tome 1 – Le Voyageur extraordinaire

Relicha Édition – Couverture : Elléa Bird

Mathilde d’Amoys n’a aucune véritable raison d’espérer : dans ce XIXe siècle alternatif, où l’énergie galvanique fait tourner le monde, l’avenir des jeunes femmes est aussi tristement limité qu’il le fut dans le nôtre. De magnifiques vaisseaux parés de bois précieux et cuivres rutilants sillonnent le ciel… mais dans le même temps, une demoiselle ne peut pas s’engager dans une carrière universitaire sans subir la réprobation sociale. Quant à la vie d’aventure dont elle aurait rêvé, mieux vaut l’oublier. Mathilde, bien qu’elle en ait pris son parti, s’attend à finir “vieille fille” – et se consacre le plus discrètement possible à l’étude des civilisations nordiques dans les combles de la faculté de Caen, sous la direction d’un adorable professeur un peu distrait. Pourtant, lorsque son cousin Armand l’informe de la tenue d’une expérience secrète de l’armée, à deux pas du domaine où ils ont grandi ensemble, elle ne peut résister. Entrée clandestinement sur la propriété, elle y découvre une scène stupéfiante… et sera amenée à sauver la vie d’un fier guerrier viking, venu tout droit du passé. On ne saurait mieux tomber : Mathilde est probablement la seule personne à la ronde capable de parler sa langue. L’alliance de la carpe et du lapin, peut-être, mais qui démarre ainsi sous les meilleurs auspices.

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Le syndrome de la page blanche expliqué par Stephen King

Retour sur ce blog. Comme je l’ai précisé au départ, je le mets à jour sans pression. Et surtout pas lorsque je n’ai rien d’original à raconter, juste pour créer du mouvement et attirer le chaland. L’écriture m’occupe entièrement, en ce moment, tout ce qui papillonne autour devra attendre. Le tome II de Cinqueterre prend à peu près toute la place dans mon esprit. Jusqu’à l’été, probablement (ensuite, pendant qu’il reposera au frais, on reverra la couverture et le mode de diffusion du tome I, voilà pour le planning).

Bref. En fait, si je publie ce billet aujourd’hui, c’est simplement parce qu’une de mes anecdotes préférées gisait par cinq cents mètres de fond dans la partie privée d’un forum, alors qu’elle pourrait servir à beaucoup. C’est une leçon de Stephen King, qu’il partage dans son livre “Écriture : Mémoires d’un métier“. En incorrigible prolifique, il en fait dix pages avec de multiples détours, mais le cœur de l’affaire vaut vraiment le coup d’être dégagé – et bien compris.

Je signale au passage que je voue une admiration sans bornes au monsieur en question, même s’il m’est arrivé de ne plus pouvoir le lire pendant quelques années, tellement un de ses bouquins m’avait terrorisée (*). Parce qu’il a poussé au maximum l’art de la simplicité. Chez lui, tout, absolument tout, est mis au service du récit.

Voici son expérience du syndrome de la page blanche, ce croquemitaine qui hante tous les auteurs. Et la substantifique moelle qu’il en a retirée.

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Édition, auto-édition de masse : l’emballement ?

Plus d’un mois que je tourne autour de l’idée de ce billet. Après avoir rédigé une première version, puis décidé que je n’allais pas la publier… j’ai fini par comprendre que le seul angle sous lequel je pouvais raisonnablement l’envisager, c’est celui d’une totale subjectivité.

Ce texte expose donc un point de vue personnel. Le vôtre est peut-être radicalement différent – et pourtant tout aussi légitime.

Auteur cherchant à régler ses problèmes administratifs (Courbet, le désespéré).

Il importe, tout d’abord, de ne stigmatiser personne : le milieu de l’édition, que j’ai côtoyé pendant quelques années, est plein de gens qui se donnent avec passion. Qui cherchent à changer les règles de ce jeu qui fait désormais penser à un manège impossible à stopper. Ou à un rite sacrificiel, dans lequel c’est toujours l’auteur qui finit dévoré… à quelques exceptions près. Mais même ceux qui s’en sortent, les rares chanceux qui bénéficient d’un contrat favorable et d’une bonne communication à la parution de leur œuvre… se retrouvent immédiatement jetés sur un autre champ de bataille. Le statut d’artiste-auteur, et les relations avec les instances administratives qui l’encadrent sont – pour l’instant – un véritable calvaire. Déjà précaire par nature ces dernières années (car les succès de librairie sont rares), le cotisant doit passer de longues heures stressantes à tenter de démêler des embrouilles vertigineuses. Il suffit de suivre les travaux de la Ligue des auteurs professionnels, de lire leurs témoignages, pour comprendre l’ampleur et la diversité des problèmes.

L’hommage à Kafka toujours renouvelé, merci pour lui, mais ça reste assez effrayant. À noter que ce statut est désormais ouvert aux auto-édités, on frémit de reconnaissance.

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Perles de l’auto-édition [1] – Jonas, Thomas Baptiste

Je suis une lectrice insatiable… mais aussi terriblement exigeante. J’ouvre donc cette rubrique, destinée à mettre en valeur des ouvrages de grande qualité issus de l’autoédition ou de très petites maisons. Et à rendre hommage à ces auteurs qui soignent autant leur écriture que le fini éditorial de leurs romans. Attention : je les piste par mes propres moyens, hors service presse, afin de ne subir aucune influence. En revanche, si vous avez découvert récemment une petite merveille encore peu connue, dans les domaine de la fantasy ou de la science-fiction, de l’aventure & genres connexes… n’hésitez pas à me contacter pour m’en faire part ! Merci 🙂


Jonas, de Thomas Baptiste.

Librinova – Couverture : Tiphaine Léard.

Pour inaugurer les Perles de l’auto-édition, mon choix s’est porté sur un titre qui m’a réconciliée avec les indépendants, après une semaine d’errance un peu décourageante parmi les parutions récentes.

Si le monstre climatique imaginé par Thomas Baptiste relève toujours de la science-fiction, fort heureusement, le roman en lui-même n’a rien à envier aux meilleurs thrillers. Entre les personnages parfaitement construits, l’intrigue machiavélique, le rythme haletant et l’écriture tirée au cordeau, aussi maîtrisée que celle des grands noms du genre… on peine à se rappeler qu’on tient entre les mains la première œuvre d’un auteur encore inconnu.

Mieux, il réussit à nous faire visiter les coulisses des télés US, comme de la haute administration civile et militaire, sans jamais se laisser dépasser par l’ampleur de son sujet. Ni par la carrure des protagonistes, dont certains appartiennent aux élites de la politique, des médias ou des services secrets – excusez du peu. Thomas Baptiste dit s’être documenté durant deux ans pour composer ce livre. On ne peut que saluer le succès de l’entreprise, la consistance et l’énergie de l’ensemble. Au final, un récit terriblement addictif, vigoureusement raconté et truffé de surprises.

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