Les chiens et la charrue : Le cycle de Syffe, tome III

 

Je suspends ma chasse aux perles à travers les abysses de l’édition indépendante, pour parler ici d’un astre qui étincelle au zénith de ma planète personnelle. Et de plus en plus intensément, à mesure que le temps passe.

 


Syffe, au cœur de cendre et de lumière.

 

Patrick K. Dewdney est un des seuls écrivains dont certaines phrases restent gravées dans ma mémoire, aussi profondément que les poèmes d’Aragon ou d’Apollinaire ; “Le vent s’engouffrait dans la geôle en miaulant comme un félin fantomatique“, “brûlant quelque part au fond de moi, une ténacité naissante faisait barrière aux larmes“. On a envie de lancer “débrouillez-vous avec ça !”, devant une maestria si farouchement naturelle. Dans le flot ininterrompu de livres dispensables et de romans approximatifs que la machine dégueule en permanence, tout en posant leurs auteurs sur de factices piédestaux à usage marketing, ce joyau attire l’œil… et on sait déjà que son destin sera sans pareil. Parce qu’à la fin du jour, comme disent joliment les anglophones, ne reste que l’or dans le tamis, tandis que la boue est retournée au fleuve.

J’ai déraisonnablement aimé l’enfant Syffe du premier tome, ce petit bout d’homme transparent qui ne pouvait se résigner à s’arracher le cœur, à se cuirasser de haine, alors que tout lui hurlait qu’il n’aurait droit à aucun pardon, fût-ce pour son innocence. L’adolescent du second volume poursuivait ses chimères bien trop altruistes, se résolvant difficilement à la violence que le monde lui imposait, tandis que d’étranges phénomènes secouaient les fondations même de son être, faisant soupçonner que quelque chose en lui tenait du héros mythique plus que du va-nu-pied qu’il semblait être. Et si on revient là, en sourdine, vers des thèmes fantasy classiques, on se doute qu’ils ne seront pas traités de manière prévisible.

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